Sur les hauteurs silencieuses, dans le souffle du vent et la brume des vallées, les fées peuplent depuis des siècles l’imaginaire des montagnes. Tantôt bienveillantes, tantôt redoutées, elles apparaissent aux lisières des forêts, près des sources ou sur les sommets isolés, entre ciel et terre. Dans les traditions orales des campagnes françaises, suisses ou savoyardes, ces créatures mystérieuses incarnent l’âme du paysage : elles protègent les pâtres, guident les voyageurs ou punissent ceux qui profanent les lieux sacrés.
Mais toutes ne sont pas douces et lumineuses. Dans plusieurs récits, les fées se mêlent aux sorcières et aux esprits de la nuit, assistant aux sabbats sur les hauts plateaux, dansant sous la lune au sommet des monts. Dans l’Aveyron, elles se rendaient au Puech de los Foxilieros, accompagnées de sorcières chevauchant des manches à balai. Là, sous la présidence d’un bouc fabuleux, elles s’adonnaient à des rondes effrénées, avant de disparaître dans les bois. Ailleurs, dans les Ardennes ou le pays de Liège, on croyait encore voir ces dames surnaturelles danser sur les crêtes, au clair de lune, dans un éclat de rires et d’éclairs.
Ces légendes témoignent d’un monde ancien où la nature était vivante et enchantée, peuplée de forces invisibles et de présences féminines fascinantes. Les fées des montagnes, à la fois magiciennes et gardiennes, rappellent l’équilibre fragile entre l’homme et le monde sauvage. Elles demeurent aujourd’hui les symboles poétiques d’un imaginaire collectif, où le merveilleux, la foi et la peur du mystère s’entrelacent au rythme des vents et des cimes.